samedi 14 décembre 2013

Yu Jian - 17

Il est un bonheur que je n’ai jamais éprouvé
Un bonheur qu’Hitler n’a jamais éprouvé
Il ne pouvait que donner des ordres à des généraux
Je ne puis qu’écrire avec obstination
Mais aucun de nous n’a ressenti
La joie de la machine à laver
Dont le tambour inoxydable
                Trouve tous les vêtements
Sales
Trouve les culottes de la jeune fille
                Tachées
Trouve les mouchoirs du bébé
                Infects
Trouve que la cotte de l’ouvrier
Dissimule sa crasse
Trouve que les robes de bal et les queues de pie
Mériteraient d’être lavées
Ce point de vue est défendu
Par l’humanité toute entière
Aussi
Pour un monde irréprochable
Les habits de toutes les couleurs
                Et de toutes les coupes
La soie d’orient le lin d’occident
Tous
                Sont jetés
Dans le tambour obscur
De la machine à laver
Qui jour et nuit
Dans tous les foyers du monde
Tourne
Les fleuves peuvent s’assécher
                Les gouvernements tomber
Jamais
Une bataille de Stalingrad ne fera
Que la machine à laver
Qui ne distingue pas un uniforme d’un mouchoir
S’arrête

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